Azul est un jeu abstrait de placement de tuiles créé par Michael Kiesling (Torres, Tikal, Gueules noires, Linko !). Présenté à Essen 2017, il a beaucoup fait parler de lui. Il est le gagnant de l’As d’Or Tout Public 2018.

Azul ?

Azul vient du mot « azulejos » et désigne les carreaux de faïence (de la terre cuite recouverte d’un émail opaque) décorés d’Espagne et du Portugal. Ces carreaux contiennent des motifs géométriques ou des représentations figuratives. Ils ornent, dès le XIIIe siècle, les murs, les sols, les plafonds, les fontaines, etc.

Le mot « azulejos » est un dérivé du mot arabe « al zulaycha » qui signifie « petite pierre polie« . Le but initial des « azulejos » était de reproduire les mosaïques gréco-romaines en remplaçant les tesselles (des petits morceaux de marbres polis) par des carreaux de faïence, plus simples à fabriquer.

Les premiers « azulejos » connus viennent d’Egypte et de Mésopotamie. Ils ont servi à orner la chambre funéraire du Pharaon Djéser aux alentours de 2620 avant JC.

Au IXe siècle, les Perses redécouvrent l’usage de l’étain pour opacifier le verre et se remettent à fabriquer des « azulejos ». Ces carreaux de faïence se sont ensuite diffusés dans tout le monde arabo-musulman, puis en Europe au cours des XVe et XVIe siècles.

Les azulejos de l’Alcazar de Séville

Les règles du jeu

Dans Azul, les joueurs incarnent des architectes du XVIe siècle chargés de décorer le Palais Royal d’Evora.

Il est possible de télécharger les règles en français et en anglais sur le site de Plan B Game.

Mise en place

Suivant le nombre de joueurs, on dispose un certain nombre de Fabriques en cercle au centre de la table. Le marqueur « 1er joueur » est posé au milieu.

Chaque fabrique accueille 4 carreaux.

Les joueurs prennent un plateau devant eux et mettent le marqueur de score sur 0.

Déroulement

Le jeu se déroule en un nombre de manches indéfini, chaque manche se terminant dès qu’il n’y a plus de carreau sur la table.

A son tour, le joueur actif doit prendre au moins un carreau sur l’une des Fabriques ou au centre de la table. Lorsqu’il choisit une zone, il prend tous les carreaux d’une même couleur qui s’y trouvent.

Si son choix se porte sur une Fabrique, les carreaux restants sont déplacés au centre de la table.

 

Le premier joueur a prendre l’un des carreaux du centre prend aussi le pion « 1er joueur ». Il le pose dans la zone négative de son plateau personnel.

Les carreaux se placent sur l’une des lignes de la zone d’attente du plateau personnel.

Il est possible :

  • De compléter une ligne existante avec des carreaux d’une même couleur
  • De commencer une nouvelle ligne même si le joueur a déjà une ligne de cette couleur en cours ailleurs
  • De prendre plus de carreaux que nécessaire pour compléter une ligne (le surplus va dans la zone négative)

Il n’est pas possible :

  • De placer des carreaux sur plusieurs lignes dans un même tour
  • De commencer une ligne si un carreau de cette couleur est déjà passé à droite

Fin de manche

A la fin de la manche, les joueurs scorent sur toutes les lignes complètes de la zone d’attente. Les lignes non-terminées restent tant qu’elles ne sont pas complétées.

Le décompte des points se fait toujours du haut vers le bas.

Le joueur déplace son carreau vers la mosaique de droite et le place sur la couleur correspondante. Il marque 1 point.

Si ce carreau est adjacent à un ou plusieurs autres carreaux (colonne ou ligne), il marque 1 point supplémentaire par carreau. La colonne et la ligne sont comptées séparément. Ainsi, si le carreau est à la fois dans une ligne et une colonne, il est compté 2 fois.

Les points négatifs sont ensuite déduits.

Fin de partie

Le jeu se termine lorsqu’un joueur complète une ligne. On procède à un scoring classique à la fin de la manche, puis on y ajoute des points supplémentaires :

  • Chaque colonne complète vaut 7 points.
  • Chaque ligne complète vaut 2 points.
  • Chaque set de 5 carreaux d’une même couleur vaut 10 points.

Le joueur qui possède le plus grand nombre de points gagne la partie.

Le matériel

 

Le plateau personnel est constitué de plusieurs parties :

  • En haut, les points pour le scoring.
  • Au milieu à gauche, la zone d’attente. C’est ici que les pierres sont placées pendant la manche.
  • Au milieu à droite, la mosaïque. Lorsqu’une ligne est complétée, l’une des pierre glisse de la gauche vers la droite et se place sur sa couleur. Les autres pierres sont défaussées.
  • En bas, les points négatif. Dès qu’un carreau ne peut pas être placé, il « tombe » et prend place dans cette zone. A la fin de la manche, une fois le décompte des points terminés, ces pierres sont défaussées.

Azul possède deux niveaux de difficulté. En retournant le plateau, la pose des carreaux est plus libre, mais la règle de base s’applique toujours.

Les carreaux sont en résine. Il y en a 100 répartis en 5 couleurs différentes. Le sac est en lin, imprimé aux couleurs (et au nom) du jeu.

Les Fabriques sont en carton et décorés suivant la thématique.

Le pion 1er joueur est très discret

La règle reprend le design de la boîte. Elle est complète et bien illustrée.

Mon avis

Lorsqu’Azul a été présenté au salon d’Essen 2017, il y a fait un véritable buzz. Assez sceptique au début, j’ai vite compris pourquoi !

Il s’agit d’un jeu abstrait aux règles simples (une fois celles-ci comprises). Le décompte des points à la fin de chaque manche est perturbant au début, et nécessite un peu d’aide pendant les premiers tours.

Mais, ces petits obstacles franchis, on se retrouve face à un jeu assez profond : il ne s’agit pas simplement de poser des carreaux et de compléter les lignes. Il faut réfléchir et faire en sorte de maximiser ses points tout en bloquant l’adversaire. Les carreaux étant partagés, jouer dans son coin sans faire attention au jeu des autres est vite synonyme de défaite. Il ne faut pas non plus hésiter à prendre des points négatifs pour finaliser une action.
Azul est un jeu à la fois calculatoire et opportuniste.

La partie elle même évolue : le sentiment de liberté des premières manches laisse vite place aux contraintes de la pose.

J’y ai joué à 2 ou 3 (jamais à 4) et je l’ai trouvé très bien dans ces configurations.

Pour les plus courageux, le verso du plateau offre un défi supplémentaire. La mosaïque ne présente aucune couleur, mais respecte les mêmes règles que le jeu de base. Il est donc important de bien réfléchir à ses actions pour ne pas se bloquer tout seul.

Le matériel est de bonne qualité et on prend un vrai plaisir à mélanger les tuiles dans le sac de tissus personnalisé. La mosaïque qui se crée au fur et à mesure de la partie rend bien, même si les carreaux glissent en cas de mouvement brusque.
Par contre, le marqueur « 1er joueur » est très discret et peut facilement se perdre.