Pandémie est le premier gros jeu que j’ai acheté. J’ai presque toutes les extensions et j’aime moduler mes parties selon mes envies. Je pioche ici et la une mutation, un nouveau personnage, une souche virulente, etc.
Mais Pandémie a un gros défaut : son manque de surprise et la lassitude qui en découle au bout d’un certain temps.
Petit rappel sur Pandémie
Pandémie est un jeu de Matt Leacock sorti en 2008 chez Z-Man Games (Filosofia en France). Il est coopératif, ce qui signifie que tous les joueurs gagnent ou perdent ensemble. Le but est, comme son nom l’indique, de sauver le monde des maladies qui le dévastent.
Chaque joueur incarne un personnage doté de pouvoirs facilitant certains aspects du jeu. Le médecin, par exemple, soigne plus facilement et le spécialiste de mise en quarantaine permet d’éviter les nouvelles maladies dans les endroits ou il se trouve.
Le plateau représente le monde. Il est découpé en quatre régions de couleurs différentes : bleu, noir, rouge et jaune. Ce sont également les couleurs des maladies. Ces dernières ne peuvent donc arriver que dans certains endroits. Les villes sont reliées entre elles par des lignes. Il est possible de se déplacer à pied en les suivant, mais également en avion en défaussant certaines cartes.
A la fin du tour de chaque joueur, de nouvelles maladies apparaissent sur le plateau. Il existe plusieurs façons de perdre, mais une seule de gagner : découvrir les quatre remèdes (un remède se découvre en défaussant cinq cartes de la couleur correspondante dans une station de recherche).
Le principe du "legacy"
Risk Legacy, sorti en 2011, est le premier jeu de la licence legacy. Le plateau n’est plus figé d’une partie à l’autre, il évolue suivant joueurs et les combats qu’ils y font. Des cartes sont déchirées, des autocollants collés, etc.
Ce principe marche bien avec un jeu d’affrontement : les joueurs façonnent le monde suivant leur victoires militaires, contrôlant tel ou tel territoire, possédant telle ou telle ressource. Mais qu’en est-il d’un jeu coopératif ?
Hé bien … ça m’a l’air pas mal du tout !
Pandemic legacy propose aux joueurs de tenter de garder le monde en un seul morceau pendant un an. Une partie gagnée permet de passer au mois suivant. Une partie perdue nous fait rester sur le mois en cours (tout en gardant les modifications déjà effectuées). Si elle est de nouveau perdu, tant pis, on passe quand même au mois suivant. Le jeu offre donc 12 à 24 parties possibles, ce qui est déjà beaucoup.
Les cartes évènement du paquet joueur permettent de moduler la difficulté : à la première partie, on en choisit quatre. Une victoire baisse de deux ce nombre et une défaite l’augmente de deux. Il n’est pas possible de passer en dessous de zero. Le nombre d’évènements durant les parties va ainsi fluctuer.
Les règles sont celles d’un Pandémie classique … du moins au début. De nombreux encarts sur le livret montent la présence de futurs autocollants. J’en ai compté 25 ! Une page est même complètement vierge et propose 6 emplacements.
Plusieurs cartons regroupés sous le nom de « dossiers top secret » possèdent des petites portes à l’image d’un calendrier de l’avent. Certaines comportent des chiffres, d’autres des lettres. Étrange ! Mais ce n’est pas tout : la boîte de jeu est en partie occupée par 8 boîtes mystérieuses. La 8ème semble particulièrement redoutable, puisque la règle nous précise de coller un autocollant dessus (« ouvez le compartiment 8 si vous perdez 4 parties d’affilée »).
Une planche d’autocollants permet de faire évoluer le plateau et les personnages. A la fin d’une partie, les joueurs doivent ainsi choisir deux améliorations (stations de recherche de départ, évènements supplémentaires, améliorations de personnages, mutations positives). Pour ma part, j’ai pris une station de recherche et une amélioration qui permet de traiter une maladie dans une ville reliée.
La partie basse de la planche d’autocollants est moins agréable : si une éclosion a lieu dans une ville, elle gagne un petit carré « ville instable ». Si elle est de nouveau victime d’une éclosion, elle passe en émeute, puis en déclin … et finalement en ruine. Si un personnage se trouve dans une ville pendant une éclosion, il récolte une cicatrice (limite de cartes en main réduite, défausse de cartes sous certaines conditions, etc). Si il n’a plus de place sur sa fiche pour en recevoir, il meurt et son personnage est déchiré. A la place, le joueur récolte des civils jusqu’à la fin de la partie.
Le jeu ne proposant que cinq personnages, il va falloir être prudent.
Le paquet de cartes legacy apporte des évènements inattendus et indique les conditions de victoire. Il ne faut donc plus trouver le remède aux quatre maladies, mais résoudre un ou plusieurs objectifs. Les cartes sont recto-verso (ne vous faites pas avoir !) et possèdent des textes qui permettent de se plonger dans l’ambiance.
Les pions ne sont plus en bois, mais en plastique. Autant je trouve que c’est plutôt joli sur les marqueurs, autant je n’aime pas ça sur les stations et les pions.
Pandemic Legacy vaut-il le coup ?
Je n’ai fait qu’une partie (à deux) pour le moment, il m’est donc difficile de juger le jeu dans son ensemble. Janvier correspond à peu près à la difficulté d’un Pandémie normal, mais en plus dynamique.
Les actions irréversibles ajoutent beaucoup de stress. Il faut réfléchir à chaque action et à ses conséquences futures. Les choix sont durs, notamment lorsqu’il faut choisir entre sauver une ville qui aura potentiellement une éclosion ou trouver un remède. La pioche des cartes joueurs en fin de tour est ainsi bien plus éprouvante que l’ajout de nouveaux cubes maladie. Le plateau change et ce n’est que rarement en notre faveur. Je suis, par exemple, tombé sur deux cartes épidémie en deux tours … et j’ai ainsi pu voir mes trois villes se prendre des émeutes. Du hasard qui apporte du chaos dans une partie pourtant bien gérée.
Des cartes du paquet legacy peuvent être piochées en pleine partie, perturbant les stratégies établies et obligeant à revoir ses priorités. Les textes d’ambiance apportent d’ailleurs beaucoup au jeu, nous plongeant dans ce monde chaotique. Il ne manque qu’une petite musique pour parfaire tout ça (je vous conseille de jeter un oeil sur Tabletop Audio).
Je trouve ce concept génial et j’adhère totalement. Pandemic legacy permet de renouveler le jeu tout en apportant une expérience bien plus immersive. On a vraiment l’impression de combattre un ennemi invisible, qui évolue et mute peu à peu. Par contre, je ne sais pas si il plairait à quelqu’un qui ne connait pas et n’aime pas déjà Pandémie. Le prix est également plus élevé que sa version classique (45€ environ).