Captive est une BD dont vous êtes le héros un peu particulière : bien plus sombre que les autres, elle reprend les codes des thrillers et vous met dans la peau d’un policier à la recherche de sa fille kidnappée.

Captive

L'histoire

Dans Captive, il n’est pas question de devenir chevalier, d’enquêter sur un chat disparu ou d’alimenter en énergie la tour Eiffel. Non. Cette BD dont vous êtes le héros est destinée à un public adulte, qu’elle transporte dans l’univers des romans policiers. Il y est question de séquestrations, de meurtres et de choix difficiles.

Captive

L’histoire nous raconte les recherches d’un père dont la fille a été kidnappée à la sortie de la piscine. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Ils n’ont rien de particulier et ce n’est qu’un banal policier.  La BD se focalise sur le moment ou le personnage, 10 000 € en petites coupures dans un sac, se présente pour l’échange de rançon.
Le peu que nous apprenons est aussitôt ébranlé.

Captive me fait penser aux Demeures de l’Épouvante : les investigateurs savent en quelques lignes ce qui les amènent dans le manoir qu’ils doivent explorer. Ils ne connaissent pas leur mission réelle au début de l’aventure et voient des horreurs dont ils n’imaginaient pas l’existence.

Les choix graphiques

Captive

Les choix graphiques sont visibles dès l’illustration sur la couverture : monochrome, elle présente l’entrée d’un manoir en ruines. La seule lumière est celle de l’entrée. Loin de rassurer, elle contraste avec l’intérieur du château plongé dans l’obscurité. L’effet de perspective capte l’attention du lecteur qui se retrouve comme pris au piège au milieu de l’image.
« Captive » est écrit dans une police qui rappelle les vieilles machines à écrire. La couverture rigide permet un effet de creux donnant l’impression que le texte a été gravé.
A l’arrière, il n’y a qu’une phrase de la même police : « Vous seul pouvez la sauver ». Sobre, sans aucun élément inutile, c’est cette couverture qui m’a donné envie de l’acheter.

Captive

Si vous avez vu mes articles sur Sherlock Holmes, vous avez en tête les personnages de Holmes et Watson et leur aspect très bande dessinée. Captive a un style complètement différent : très réaliste, dur.
Le dessin, fait de multiples traits, permet de faire ressortir les ombres. Il accentue aussi les scènes d’action et donne du rythme à l’histoire.
Captive est construite sur des couleurs monochromes qui renforcent son univers. Parfois chaudes, parfois froides, elles permettent de souligner les actions tout en s’associant aux émotions du lecteur. On passe ainsi du bleu lors de l’enlèvement de Lili au violet à l’arrivée devant la manoir, puis au vert une fois entré.
Les réflexions et moments qui demandent du sang-froid sont souvent dans des tons bleu/vert, les surprises et découvertes dans les orange. Un moment très intense plongera vers le rose ou le rouge.

Les choix scénaristiques

Comme pour la plupart des BD dont vous êtes le héros, Captive intègre une feuille de personnage. Minimaliste, elle se présente sous la forme de trois caractéristiques (Force, Déxtérité, Volonté), de 20 points de vitalité (points de vie), de 20 cases pour le temps et de 3 places d’inventaire.

Les caractéristiques sont à répartir dès le début de l’aventure. Le joueur dispose d’un total de 5 points qu’il peut mettre comme il veut jusqu’à une limite de 9 par caractéristique. Chaque caractéristique commence à 5.
La force représente la capacité à se battre au corps à corps et à soulever des objets lourds.
La dextérité détermine le tir et l’agilité.
La volonté définit le sang-froid et le courage.

Personnellement, je les ai réparti de cette manière : Force 5, Dextérité 8, Volonté 7.

Pendant l’aventure, il est possible de ramasser plein d’objets plus ou moins utiles. Mais il faudra faire des choix difficile, puisque l’inventaire est limité à trois. Ce sera souvent source de réflexions et de regrets. En effet, un objet en apparence inutile pourra se révéler très important dans une séquence.

La gestion du temps est une grande nouveauté de cette BD. C’est le point que j’ai préféré. Le temps apporte énormément de tension dans le récit et il faudra choisir le juste milieu entre l’exploration minutieuse et la vitesse. Il définit certaines scènes clefs : il sera possible, suivant les moments, d’arriver trop tôt, trop tard, ou pile quand il faut. Les personnages vivent leur propre histoire et ne se contentent pas d’attendre patiemment que le héros arrive.
On ne sait jamais comment on se place par rapport au temps. La fiche de personnage indique 20 cases, mais il est difficile de savoir si on est en avance ou en retard. Au fur et à mesure que les cases se grisent, la sensation d’urgence augmente.

Qu’il ait beaucoup de Volonté ou non, le personnage principal possède une bonne intuition. Parfois, pendant la partie, elle vous mettra en garde en vous disant de ne pas avancer plus loin et de rebrousser chemin. A vous de voir si vous l’écoutez ou non. Mais la ou c’est vicieux, c’est qu’il ne sera pas toujours très intéressant de lui obéir. Il faut donc savoir faire preuve de jugement … et de courage.

La mort est omniprésente, que ce soit celle des autres ou du héros. Le personnage devra non seulement tuer pour se défendre, mais aussi croiser divers cadavres. Il peut mourir de bien des façons. J’ai compté pas moins de 9 cases ou il meurt. Heureusement, il est possible de retenter l’aventure. A moins que, comme moi, vous ne surviviez pas au combat final et vous ayez la flemme de tour recommencer !

Conclusion

Je possède 4 BD dont vous êtes le héros : Sherlock 1, Sherlock 2, les Magiciens du Fer et Captive. Cette dernière fait partie du haut du classement avec Sherlock Holmes 2. Les dessins sont beaux, l’univers bien retranscrit, les règles simples et la tension omniprésente. Il faut tout le temps faire des choix, que ce soit au niveau du temps, des objets à ramasser, des combats, ou des lieux. Ils ont des conséquences directes sur l’histoire et les personnages.

Le livre se dévoile différemment suivant le type de joueurs : il est possible de tout savoir sur ce qu’il s’est passé en y prenant le temps, mais aussi de foncer vers la fin, d’explorer les pièces pour trouver des objets et de résoudre des énigmes.

Ce que j’aime dans les BD dont vous êtes le héros, c’est qu’ils y’en a pour tous les univers et publics. Si les précédentes étaient très familiales, ce n’est clairement pas le cas ici. On se débarrasse de tous les tabous et on n’hésite pas à montrer un monde dur et réaliste. Il y’a du sang, des blessures, et des cadavres.

Si je devais présenter une BD dont vous êtes le héros à quelqu’un qui ne connait pas, ce serait celle là ou Sherlock Holmes 2.