Jeux de société et réalité augmentée

La réalité augmentée fascine depuis longtemps. Elle diminue la frontière entre fiction et réalité, intégrant des éléments virtuels au réel au travers d’objets technologiques comme les tablettes.
Qui n’a pas entendu parler des Google Glass, les lunettes de Google censées combiner tous les éléments d’un smartphone à l’intérieur d’un objet du quotidien ? Il s’agit de réalité augmentée, au même titre que les reconstitutions archéologiques ou la Kinect.
Elle a aujourd’hui envahi tous les domaines et ne cesse de se développer.

Mais qu’en est-il des jeux de société ?

Rapide historique

Comme la plupart des inventions de ces dernières années, la réalité augmentée a été pensée … dans les années 60 !

Si vous étiez en train de jouer à Timeline, vous auriez défaussé la carte en clamant bien fort « jamais je ne l’aurais mis à côté de l’invention de la mini jupe ! ».

Un chercheur américain, Ivan Sutherland, a créé la première machine de réalité augmentée en 1968 : un casque permettant de superposer une image de synthèse grâce à des tubes cathodiques et à un bras mécanique. Malgré son aspect révolutionnaire, l’invention n’a pas eu de suite.

Ce n’est qu’en 1992 que le terme de « réalité augmentée » apparait grâce aux travaux de Tom Caudell et David Mizell. Le concept se précise de plus en plus, jusqu’à devenir une notion complexe faisant partie de la « Mixed Reality ». Cette dernière est composée de plusieurs nuances allant de la réalité à la fiction.

En 1996, les marqueurs 2D permettent à la réalité augmentée de passer à la vitesse supérieure. Il s’agit d’une technique basée sur la reconnaissance d’un motif à l’image de la librairie ARToolkit. Ils sont notamment utilisés dans l’attraction Les Animaux du Futur auFuturoscope en 2008.

Pour beaucoup, la réalité augmentée est le futur des jeux vidéos, mais aussi de la publicité et de la culture. La presse elle même ne peut y échapper avec une couverture spéciale du Télé 7 Jours présente pour ses 50 ans en 2010.

Des initiatives ... sans lendemain ?

Comme d’habitude, le jeu de société semble être le parent pauvre du numérique. On lui préfère le jeu vidéo, plus immersif et plus proche des technologies utilisées.

Quelques initiatives permettent d’imaginer un avenir où la réalité augmentée aura aussi une place dans ce domaine. Malheureusement, peu d’informations sont disponibles à ce sujet et il est difficile de savoir si elles ont abouti ou non.

Pit Strategy est un jeu de course intégralement basé sur la réalité augmentée. Il fonctionne grâce à une webcam et à un logiciel qui font apparaitre le plateau et les cartes en trois dimensions. Mais seule une vidéo circule et le projet semble abandonné depuis longtemps.

Le Monopoly lui même s’est mis à la réalité augmentée grâce aux travaux d’étudiants en 2010. Une carte avec un marqueur représentant un grand « M » doit être scanné par une webcam pour faire apparaitre le plateau. La encore, il est seulement possible de voir quelques vidéos et il y a très peu de chances d’aboutir à quelque chose de concret.
Hasbro a également sorti une version officielle basée sur l’utilisation d’un ipad clipsé sur le centre d’un plateau de jeu. Apple refusant le RFID/NFC (le payement sans contact par exemple), ils utilisent la technologie de « peinture conductrice » sur les cartes pour ajouter et soustraire de l’argent automatiquement sur le compte du joueur. Des mini-jeux permettent d’effectuer quelques actions plus facilement comme sortir de prison.

EPawn, une start-up parisienne créée en 2010, a breveté un système permettant de faire interagir les pions sur un écran tactile (l’ePawn Arena). L’écran remplace le plateau de jeu et des figurines munies de puces peuvent être placées dessus. Peu de nouvelles pour le moment, si ce n’est par l’intermédiaire de vidéos et de conférences présentants leur produit.

Quel avenir pour les jeux de société ?

Scotland Yard est un jeu semi-coopératif sorti en 1983 et édité par Ravensburger. Il prend ensuite le nom de le nom de Mister X en 2009. L’un des joueurs incarne Mister X, un gangster en fuite, tandis que les autres doivent l’attraper en analysant ses déplacements.
Une troisième édition appelée Scotland Yard Master (disponible uniquement en Allemagne) utilise la réalité augmentée. Elle devrait sortir en France fin 2014.

Le jeu peut être joué de manière classique, mais une application permet de faciliter certaines actions comme la gestion des tickets de MrX ou les analyses des enquêteurs. Plus qu’un aide mémoire, elle offre une expérience nouvelle en permettant notamment de scanner le plateau pour y découvrir des antennes relai et des témoins à interroger. Du côté du gangster, des missions sont proposées régulièrement. Il s’agit de lieux de rendez-vous dans lesquels il doit se rendre pour gagner des bonus et remporter immédiatement la partie sous certaines conditions.

L’utilisation d’Osmo est légèrement différent puisque la tablette n’est pas manipulée. Elle est posée et permet de guider l’enfant en filmant la table grâce à un petit miroir incliné placé devant la caméra frontale. Pour le moment, trois jeux sont disponibles : un tangram, un jeu de mots et un jeu de physique. L’ipad permet d’afficher les instructions et de voir les résultats en temps réel (pour le jeu de dessin).

Conclusion

Le jeu de société et la réalité augmentée n’en sont qu’à leur balbutiements, ce qui peut sembler étrange par rapport à l’avancée des jeux vidéos dans le domaine. Mais ces deux univers n’ont que peu de points communs et la manipulation physique du matériel fait partie intégrante des jeux de société.

C’est ce qui explique que les initiatives pour se passer complètement du plateau n’ont rien donné. De jeux entièrement basés sur la technologie, proches des jeux vidéo, nous passons progressivement à un modèle dans lequel la réalité augmentée ne sert qu’à simplifier certaines actions et offre quelques bonus. Elle n’est plus indispensable, mais elle accroit l’immersion et offre une expérience nouvelle.

Elle permet non seulement d’attirer de nouveaux publics, de poursuivre la modernisation du jeu de société, mais aussi de multiplier la durée de vie d’un jeu. Un autre point important pour ceux qui ont déjà joué à Horreur à Arkham, est la facilité et l’accessibilité des mises à jour des règles ; et l’intégration de la vidéo directement dans le jeu à l’image de Oss.