Par définition, un jeu de société est fait pour être pratiqué à plusieurs ; il peut donc sembler étrange de vouloir s’y adonner en solitaire. Et pourtant ! Que faire quand on ne trouve aucun partenaire ?
Jouer en couple, c’est pratique : un partenaire régulier, des jeux variés et une bonne soirée pleine de dés et de cubes en bois. Sauf que nos envies ne sont pas toujours bien coordonnées : il arrive fréquemment que l’un de nous n’ait pas envie de jouer. Quand les tentatives de motivation à base de « Allez, on va s’amuser ! Un jeu rapide ! Juste un ! » ont échoué … il ne reste plus qu’à capituler.
Deux choix s’offrent alors :
- Ne pas jouer
- Jouer en solitaire
Heureusement, de plus en plus de jeux ne nécessitent pas forcement d’être plusieurs. Tous ne sont pas intéressants dans cette configuration (je vous déconseille fermement de tenter un Romans go Home seul), mais quelques valeurs sûres existent.
Les casses-têtes
Quand on parle de casse-têtes, on pense immédiatement à ces petits jeux en bois ou en métal qu’il faut débloquer. On peut également y ajouter le Rubik’s Cube et les énigmes plus ou moins compliquées. A priori, ils peuvent occuper cinq minutes, mais ne meubleront jamais une soirée entière. D’autant plus qu’une fois résolu, le casse-tête devient un simple objet de décoration.
Sauf que …
Perplexus est un labyrinthe en trois dimensions enfermé dans une grosse boule transparente. Le but est d’amener la bille à la fin d’un parcours prédéfini sans la faire tomber. De nombreux pièges se mettent en travers de la route de ce pauvre petit bout de métal et viennent ralentir votre progression. De quoi vous occuper pendant un bon moment.
Si vous finissez par y arriver, pas de problème : il en existe plusieurs modèles.
Perplexus demande une certaine coordination des gestes, de la réflexion et une bonne dose de patience.
Les jeux "1 joueur uniquement"
Ce type de jeu est encore assez rare, mais j’ai l’impression qu’il se développe de plus en plus. Il touche un public restreint : contrairement aux jeux « de 1 à … joueurs », ils ne sont utilisables que dans une seule configuration. Leur point commun est leur taille : petits, ils peuvent tenir dans une poche ou un sac et ne sont pas très chers.
Comme les Livres dont vous êtes le héros, les BD dont vous êtes le héros plongent le lecteur au cœur d’une histoire interactive. Il doit faire des choix, être attentif aux images et résoudre des énigmes. Ces bandes dessinées existent avec plusieurs thèmes (chevaliers, pirates, enquêtes, etc) et sont destinées à un public varié.
L’un de mes coups de cœur est Sherlock Holmes. Le style est un peu déroutant à première vue, mais on se plonge vite dans l’enquête. Le jeu demande observation et réflexion. Les énigmes sont peu nombreuses (contrairement aux Magiciens du Fer que j’ai aussi) et l’accent est mis sur le rythme : les courses-poursuites, par exemple, se font à coup de successions de cases courtes.
Le seul problème de Sherlock Holmes (et des autres dans une moindre mesure) est sa rejouabilité assez faible : une fois l’enquête résolue, impossible de recommencer.
Vendredi est le seul jeu de société en solo pur. Le joueur incarne Vendredi et doit apprendre à Robinson comment survivre. Il est basé sur le principe du deckbuilding : des cartes faibles dont il faudra se débarrasser pour les remplacer par des plus fortes.
Difficile, il possède une courbe d’apprentissage assez haute et propose un vrai challenge. C’est vraiment le meilleur de sa catégorie. Par contre, le matériel est nombreux et prend un peu de place.
Les coopératifs
La plupart des jeux coopératifs peuvent être joués en solo. Onirim et Ubrion de Shadi Torbey sont un peu particuliers : ils sont pour un à deux joueurs. Je ne les ai pas mis dans la catégorie du dessus pour cette raison, mais contrairement aux autres, le mode deux joueurs est présenté comme secondaire. Le véritable jeu se fait en solitaire.
Tous deux reprennent le principe de la réussite et placent l’action dans un univers onirique. Ils ne sont composés que de cartes et possèdent deux variantes qui corsent le jeu. Les dessins assez naïfs participent beaucoup à l’ambiance.
Onirim est plus simple et moins calculatoire qu’Urbion, même si le hasard reste très présent.
Même si un Horreur à Arkham en solo reste amusant, le jeu n’est pas vraiment adapté pour un joueur. Il faut soit prendre un investigateur et galérer, soit jouer plusieurs personnages. On perd également l’aspect coopération, ce qui retire un petit quelque chose à la partie. Je trouve, au contraire, le Signe des Anciens meilleur à un ou deux. Quel que soit le nombre de joueurs, la coopération est assez faible et il n’est pas possible d’échanger des objets. Il est également plus simple et moins long que son grand frère.
Quand je veux du Lovecraft seul, c’est lui que je sors.
Pandémie possède un vrai mode solo depuis l’extension In Vitro. Les joueurs ne sont plus obligés de jongler entre deux rôles : ils prennent un seul personnage et bénéficient d’une action spéciale grâce au centre de traitement des maladies. J’ai trouvé ce mode très sympa, mais il vaut mieux ne pas le mixer avec trop d’extensions : impossible de courir partout !
Le meilleur pour moi reste Robinson Crusoé. C’est le seul des quatre à s’adapter au nombre de joueurs. Seul, on ajoute Vendredi et le chien. On gagne également du moral bien plus facilement qu’à deux/trois/quatre. Le jeu reste très immersif et demande de faire de vrais choix entre prudence et vitesse. Son gros point négatif est le temps de mise en place et de rangement, mais il reste parfait pour une soirée jeu.
En résumé
- Un jeu rapide dans le train : Onirim/Urbion
- Un jeu rapide avec de la place : Vendredi
- Un jeu à sortir 5 minutes par ci par la : La BD dont vous êtes le héros
- Un gros jeu très immersif : Robinson Crusoé