L’Auberge Sanglante est un jeu de société basé sur un fait divers : celui de « l’Auberge Rouge » en 1831. Les joueurs prennent la place de tenanciers qui tentent de devenir riches … quitte à assassiner leurs clients !

L'histoire de l'Auberge Sanglante

L’Auberge de Peyrebeille, aussi surnommée « Auberge Rouge », est située en Ardèche dans un hameau à plus de de 1260 m d’altitude.

Auberge Sanglante 1830

Gravure de l’Auberge Sanglante en 1830

Pierre Martin, installé à Peyrebeille depuis 1808, fait construire son auberge en 1818.  Il est marié à Marie Breysse depuis 1800. Ils ont deux filles, Marie-Jeanne et Marguerite, ainsi qu’un domestique, Jean Rochette.

Tout commence le 12 octobre 1831 avec la disparition d’Antoine (ou Jean-Antoine) Enjolras (ou Anjolras) qui aurait perdu sa génisse lors de son retour de la foire de Saint-Cirgues-en-Montagne. Stoppant ses recherches à la nuit tombée, il aurait trouvé refuge dans l’auberge de Peyrebeille.

Le 26 octobre 1831, son cadavre est découvert à quelques kilomètres sur les bords de l’Allier. A peine l’enquête commencée, la rumeur donne coupable les tenanciers. Elle s’emplifie peu à peu et devient un véritable mythe : celui de l’Auberge Rouge.

Les propriétaires de l’auberge deviennent de véritables monstre aux yeux du public, assassinant et volant leurs clients depuis des années. Des gens se mettent à dire qu’ils ont vu des draps en sang, les tenanciers transportant des cadavres, etc.

Auberge Sanglante : four

Le four dans lequel les tenanciers de l’auberge sanglante auraient fait mijoter leurs clients

Le procès a lieu le 6 juin 1833. Pierre Martin, Marie Breysse et Jean Rochette sont accusés de deux assassinats, quatre tentatives et six vols. Le 25 juin 1833, ils sont finalement jugés coupables d’un seul assassinat : celui d’Antoine Enjolras. Ils sont finalement exécutés le 2 octobre 1833 devant une immense foule.

Auberge Sanglante : brève sur l'éxécution

Brève sur l’affaire dans la Gazette des tribunaux du 9 octobre 1833

Le mythe de l’Auberge Rouge a perduré, se renforçant de tous les écrits et films imaginés autour de lui.

Les règles du jeu

Dans l’Auberge Sanglante, les joueurs sont co-propriétaires d’une jolie auberge très touristique. Les chambres sont pleines chaque soir. Le matin par contre …

Mise en place

Chacun commence la partie avec deux cartes « paysan » et une carte « aide de jeu ». Cette dernière est posée devant soi et représente une grange (avec une capacité de 1).

Le plateau est placé au centre de la table. Il montre les différentes chambres de l’auberge. Chaque joueur pose l’une de ses clefs devant une chambre avant de compléter avec des clefs neutres.

Auberge Sanglante _ mise en place

Mise en place du jeu (image tirée de la règle)

Suivant le nombre de participants et la durée de la partie, un certain nombre de cartes sont retirés du paquet « voyageurs ».

Déroulement

Le jeu se déroule en deux phases : à la fin de la première, les voyageurs encore en vie ayant séjourné à l’auberge y retourneront.

Un tour est composé de plusieurs manches. Au début d’une manche, les anciens voyageurs partent et laissent la place à des nouveaux. Les joueurs feront alors une première action chacun leur tour, puis une seconde.

L’accueil des voyageurs est géré par le premier joueur. Il retourne la première carte du paquet, la place, fait de même avec la seconde et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les chambres soient remplies.

Pour réaliser une action, il suffit de défausser le nombre de cartes indiquées (de 0 à 3). Si l’une des cartes défaussées possède le symbole de l’action, elle revient ensuite en main. Par exemple, le pistolet pour l’action de tuer.

Auberge Sanglante _ exemple

Exemple d’action (image tirée de la règle)

Les actions possibles sont :

  • Corrompre un client : le joueur prend dans sa main une carte voyageur de l’auberge ou deux paysans
  • Construire une dépendance : le joueur pose l’une des cartes qu’il a en main devant lui. Cette carte devient une dépendance dont le niveau donne la capacité.
  • Tuer un client : le joueur prend l’un des voyageurs de l’auberge et pose la carte devant lui face « mort »
  • Enterrer un cadavre : le joueur prend l’un de ses cadavre et l’enterre sous une dépendance. Il ne peut pas dépasser la capacité maximale d’une dépendance. Attention : si des policiers sont présents dans l’auberge en tant que clients vivants à la fin de la manche, tout cadavre non enterré entraine une grosse pénalité.
  • Blanchir de l’argent : le joueur convertie une partie de sa monnaie du plateau en chèques. Cette action n’a pas de symbole et ne demande pas de défausser de carte.

A la fin de la manche, les clients encore en vie paient 1 franc pour la chambre au joueur qui la possède. Le joueur, quand à lui, paye chaque carte en main 1 franc. Ces mouvements d’argent se font uniquement sur le plateau. Quelqu’un à 0 et n’ayant que des chèques ne pourra pas payer ses complices. Ces derniers s’en iront alors et le joueur devra s’en défausser.

A la fin des deux phases, l’argent des joueurs en chèque et sur le plateau est comptabilisé. Celui qui en possède le plus gagne ! En cas d’égalité, c’est celui qui a le plus de cadavres qui remporte la partie.

Les variantes

L’Auberge Sanglante propose deux variantes pour les débutants et une pour les joueurs solitaires.

  • Fortune illimitée : la piste de richesse du plateau n’est plus limitée à 40 francs et l’action « blanchir de l’argent » n’existe pas
  • Premier arrivé, premier servi : l’arrivée des nouveaux voyageurs est aléatoire.
  • Jeu en solitaire : l’auberge possède seulement 4 chambres, des paysans supplémentaires sont disponibles et le joueur perd si il a un cadavre non enterré quand un policier est vivant à la fin d’une manche. Quand il gagne, son degré de réussite dépend du nombre d’argent accumulé (de « aubergiste inquiétant » à « aubergiste démoniaque »)

Le matériel

Le matériel est composé de :

  • 83 cartes (dont 4 aides de jeu et 1 carte premier joueur)
  • 1 plateau
  • 30 tuiles « chèque » de 10 francs
  • 36 jetons clef/service en chambre de différentes couleurs
  • 4 pions en bois

Auberge Sanglante _ boite
Ce qui frappe en premier en voyant la boîte de l’Auberge Sanglante, ce sont les illustrations de Weberson Santiago. Elle ont un style particulier qui colle très bien à l’ambiance.

Auberge Sanglante _ interieur boite

La boîte cache son vide par un thermoformage en carton qui représente l’Auberge Sanglante dans des tons rouges.

Auberge Sanglante _ premier joueur

La carte « premier joueur » reprend l’illustration de la boîte.

Auberge Sanglante _ aide de jeu

L’aide de jeu est recto-verso. D’un côté, elle reprend le nombre de cartes par joueur et type de partie (rapide, longue). De l’autre, elle indique les différentes actions. Elle sert aussi de bâtiment avec une capacité de 1.

Auberge Sanglante _ paysan

Les paysans.

Auberge Sanglante _ voyageurs

Les cartes voyageurs recto et verso. Le symbole en haut indique l’action pour laquelle ils sont doués. En bas à droite, la maison représente la dépendance et son pouvoir. Le chiffre à droite montre l’argent gagné en tuant et enterrant le personnage.

Auberge Sanglante _ clefs

Les jetons clefs. Verso, ils représentent des jetons « service en chambre » qui rapportent plus d’argent.

Auberge Sanglante _ plateau

Le plateau représente l’auberge et ses chambres. La piste de l’argent au milieu s’arrête à 40.

Mon avis

Comme son nom l’indique, l’Auberge Sanglante est un jeu vicieux et méchant. Les joueurs mettent de côté leurs principes moraux, tuent et enterrent à tour de bras.

Bien qu’il soit très mécanique, les illustrations nous plongent tout droit dans cette ambiance glauque et malsaine. Elles sont d’ailleurs l’une des raisons qui m’ont poussé à acheter le jeu.

Le fait de pouvoir choisir entre « rapide » ou « long » permet de bien moduler la partie. Si je préfère les parties longues qui permettent de bien poser son jeu, les débutants préfèreront souvent les parties courtes quitte à recommencer ensuite.

Il y a peu d’interaction entre les joueurs, chacun joue dans son coin et tente d’accumuler tranquillement de l’argent. Les seuls instants ou il y’en a vraiment sont au moment de la pose des cartes voyageurs.

Les policiers peuvent être vraiment gênants et il n’est pas rare de devoir changer ses plans en voyant l’auberge envahie par les forces de l’ordre. C’est une composante intéressante, qui rend le jeu un peu plus tendu.

Je n’ai pas testé la variante en solitaire, l’Auberge Sanglante n’étant pas le genre de jeu auquel j’aime jouer seul. Par contre, j’ai déjà fait celle du « premier arrivé, premier servi ». Elle permet de ne pas passer trop de temps à choisir qui va ou, amis je trouve quelle fait perdre une part de l’intérêt du jeu.